CORBEIL : Soirée d’échanges « Trump/Sanders : Deux Amériques face-à-face » (06/07/2017)

deroubaix.jpgChristophe DEROUBAIX, Grand reporter au journal l’Humanité est venu présenter à Corbeil présenter son livre "l'Amérique qui vient". Découvrez en podcast l'entretien qu'il a accordé à Radio Evry et également le compte rendu de sa conférence réalisé par Nicolas Jaminion}}}}

christophe deroubaix,l'amérique qui vientCi-dessous quelques notes prises durant l’intervention de Christophe DEROUBAIX, Grand reporter au journal l’Humanité.

 

L’élection de Donald TRUMP était, à dire vrai, difficilement prévisible et il ne faudrait pas se contenter de cette Amérique-là mais aussi prendre en compte celle de Bernie SANDERS, celle de demain est différente de celle des CLINTON.

L’idée de 2 Amériques qui s’affrontent est ancienne, mais cette division n’a jamais semblé aussi forte (cf pj n°1 – Article de Marc de MIRAMON dans l’Humanité Dimanche du 28/01/2017). Peu de monde au départ croyait aux chances de Trump et/ou Sanders, mais ils on su incarner, chacun à leur manière, les grands mouvements de fond qui transforment l’Amérique actuelle et contribuer à donner une traduction politique à ces évolutions.

 

Ces 2 Amériques qui se font face à face sont aujourd’hui aux antipodes l’une de l’autre. On observe que le clivage gauche/droite s’est renforcé depuis 2004 de façon spectaculaire sur un grand nombre de questions et tout oppose désormais l’Amérique de Trump (blanche, vieillissante, conservatrice) à celle de Sanders (métissée, jeune, progressiste), d’autant que chaque camp s’est radicalise (les républicains sont de plus en plus à droite, ainsi qu’ en témoigne d’ailleurs le phénomène du Tea Party, de même que les démocrates prennent un virage nettement plus à gauche – ceci avec un peu de retard, ce qui peut constituer du reste une des raisons de la défaite de Sanders aux primaires)

 

Rappelons que Donald Trump a été élu « par défaut » que son électorat est minoritaire, et qu’il est le président américain le plus mal élu depuis Bill CLINTON en 1992 (cf pj n°2 – Résultats de l’élection présidentielle américaine de 2016). Avec 46% des suffrages exprimés, il fait moins bien par exemple que Mitt ROMNEY et même beaucoup moins bien que George W BUSH. Si le président était élu au suffrage direct, Clinton aurait gagné mais le système des grands électeurs Trump l’emporte avec des états clefs remportés avec peu d’avance comme la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin notamment.

 

Sur le plan idéologique, Trump a gagné avec le mythe du « héros » américain, les petits blancs dans la mondialisation. D’ailleurs, nombre d’ouvriers blancs ayant précédemment voté Barack OBAMA a voté en 2016 Trump (15 à 20% environ), ouvriers blancs qu’Hillary CLINTON par ailleurs n’a pas su/pu mobiliser. Si la société américaine reste aujourd’hui la moins mobile des sociétés occidentales, Trump pense que l’âge d’or des Etats-Unis se situe dans les années 50 (et donc en creux justifie la ségrégation raciale de l’époque) au cours desquelles les ouvriers étaient syndiqués, touchaient 28 à 35 dollars de l’heure et les étudiants ne devaient pas encore faire face à des frais de scolarité exorbitants.

 

Le militant Bill FLETCHER JR pointe du doigt la fausse critique de la mondialisation effectuée par Trump pour gagner le vote ouvrier, celui-ci se gardant bien de parler de crise systémique du capitalisme comme le ferait Sanders. Trump reste un républicain traditionnel sur bien des aspects (forte opposition aux taxes sociales par ex) et n’est pas ennemi du libre-échangisme mais critique les traités actuels ; le salaire moyen de son électorat est supérieur au salaire moyen américain (72 000 dollars/an contre 50 000 dollars /an).

 

Notons enfin, pour confirmer que l’élection de Trump relève de « l’accident industriel » et ne correspond pas à l’Amérique de demain, que, le même jour de l’élection présidentielle, les résultats des référendums locaux ont plutôt été dans un sens progressiste (cf pj n°3 – Article du Parisien du 09/11/2016).

Clinton de son côté a certes fait une mauvaise campagne, mais a surtout subi la sanction des élites converties au néolibéralisme (cf pj n°4 – Tribune de Michael MOORE du 26/07/2016).

 

D’autre part, la nouvelle génération est de plus en plus métissée et opposée culturellement à la précédente, mais la démographie ne fait pas tout. Première « génération-monde » dans la mondialisation elle est diverse, urbaine, diplômée (les femmes davantage que les hommes), progressiste, connectée et moins croyante. Dans l’électorat démocrate l’électorat d’Hillary Clinton est plus âgé que celui de Bernie Sanders dans lequel on retrouve un nombre très important de femmes de moins de 30 ans.

 

Pour les jeunes, les salariés ont subi de plein fouet les conséquences de la crise financière de 2008 tandis que nombre d’étudiants sont retournés vivre chez leurs parents suit à l’explosion des frais d’université (« Génération Boomerang »). Et de fait pour ces derniers, le concept de socialisme a plus de valeur positive que celui de capitalisme, d’autant qu’il n’est plus associé à l’URSS.

Plusieurs exemples illustrant cette évolution de la société américaine :

Addenda :

 

11:41 | Tags : christophe deroubaix, l'amérique qui vient | Lien permanent | Commentaires (0)